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FEDE E RELIGIONI | 05 aprile 2025, 11:28

ÉVANGILE DE DIMANCHE: CONDAMNER LE PÉCHÉ EN VUE DE SAUVER LE PÉCHEUR

Vème Dimanche de carême, C.- TOUS LES DIMANCHES ET JOURS DE FÊTE, À L'ÉGLISE DE SAINT-MARTIN-DE-CORLEANS À AOSTE, À 9H30, IIIème Dimanche de carême - LA MESSE EST CÉLÉBRÉE EN FRANÇAIS, ANIMÉE PAR DES CHANTS EN FRANÇAIS ET EN LATIN PAR LE CHŒUR DIRIGÉ PAR IRIS BONIFACE STEVENIN, AVEC L'ACCOMPAGNEMENT MUSICAL DE L'ORGUE JOUÉ PAR LE PROF. PAOLO TORRENTE, ENSEIGNANT À L'INSTITUT MUSICAL

ÉVANGILE DE DIMANCHE: CONDAMNER LE PÉCHÉ EN VUE DE SAUVER LE PÉCHEUR

"Va, et désormais ne pèche plus".
Les évangiles de ce temps fort de carême mettent en évidence la misère humaine et l'inondation de la miséricorde de Dieu. Dimanche passé, le Père accueille avec tendresse le fils qui a dilapidé ses biens. Aujourd’hui, Jésus pardonne la femme adultère qui doit mourir par la lapidation selon la loi de Moïse. Peut-on séparer la justice du pardon, la vérité de la miséricorde? Dans cet épisode, Jésus nous montre que la miséricorde de Dieu est sa justice et la justice de Dieu est sa miséricorde. L'évangile nous interpelle: combien de fois j'ai jugé avec intrasigeance et arrogance les autres pour camouffler mes torts? Tout le monde est coupable, mais c'est le faible qui a tort. 

1. JÉSUS DÉMASQUE L'HYPOCRISIE.
Le contexte de cet extrait de l'évangile est l'enseignement de Jésus au temple. Au moment où Jésus enseignait, on lui présente une femme attrapée en fraglant délit d'adultère. Mais ce qui est étonnant, c'est la femme qui est condamnée, alors que le péché était commis à deux. Quelle injustice! Quelle hypocrisie! Quelle mutilation de la vérité! 
Voici la question qu'on pose à Jésus pour le mettre à l'épreuve. Ils disent: "Maître, la loi de Moïse autorise de lapider des femmes attrapées en adultère. Qu'en dis-tu"? La question est pleine de malice et de mauvaise intention. Or Jésus, Parole éternelle du Dieu Vivant est "plein de grâce et de vérité"(Jn1,14). Il scrute nos coeurs et connaît ce qui est caché en nous. Ceux qui lui posent cette question se moquent de la vérité et de la miséricorde. Ils veulent tout simplement tendre un piège à celui qui a la parole de la vie éternelle. Si Jésus dit qu'il faut appliquer la loi, il ne serait plus considéré comme un prophète. S'il dit qu'il ne faut pas la tuer, il serait contraire à la loi de Moïse, alors qu'il n'est pas venu abolir la loi et les prophètes (Mt5,10).

 La justice sans pardon et la vérité sans la miséricorde, conduisent à l'arbitraire et à la violence envers les faibles. La vérité de Jésus est vivante, pleine de bonté, considère l'être dans son concret et dans sa totalité. La femme n'est pas que pécheresse. Il y a l'image de Dieu en elle qu'il faut protéger et promouvoir. Romano Guardini appelle Jésus qui incarne cette vérité affectueuse, "Le concret vivant". La parole concret du latin "concrētum" signifie ce qui fait croître ensemble (cum-crescere). Jésus est le "Concret Vivant" en tant qu'il nous fait croître en nous faisant passer de la mort à la vie, du désespoir à l'espérance. La réponse de Jésus résoud le conflit entre la justice et le pardon, la vérité et la miséricorde. Devant les personnes acharnées et enragées contre la femme, Jésus réagit par le silence, le geste et la parole libératrice. 

2. LA LIBERTÉ DE JÉSUS
La liberté avec laquelle Jésus affronte cette situation dangéreuse sur lui-même et sur la femme qui doit être tuée, désarme les accusateurs acharnés. Quatre éléments caractérisent sont attitude à savoir:  le silence, l'écriture, le regard et la parole.
LE SILENCE: La réaction de Jésus est étonnante. Il ne se précipite pas à répondre aux accusations qui chargent la femme. Son silence met dans l'embaras la foule. C'est un silence éloquent, car tout en Jésus est enseignement. C'est un silence qui interpelle, qui conduit chacun de nous à l'examen de conscience. 

LE REGARD: Romano Guardini appelle ce regard attentif, "le regard qui écoute". Jésus ne regarde pas la femme car en ce moment délicat, son regard compromettrait son projet de libérer la femme et la foule. Souvent, nos regards sont ménaçants et humiliants. C'est ce genre de regard qui révolte Jean Paul Sartre jusqu'à affirmer que "l'enfer ce sont les autres". Jésus regarde la foule et écrit par terre.  

L'ÉCRITURE: Nous ne savons pas ce qu'il a écrit. Voulait-il montrer que les prophéties sont déjà accomplies par sa présence? La première lecture soutient cette hypothèse. Les jours méssianiques annoncés sont déjà arrivés, où le Seigneur fera une chose nouvelle en faisant passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Saint Augustin interprète ce geste comme révélation que "le Christ est le législateur divin. Dieu en effet a écrit avec le doigt la loi sur les pierres et Jésus accomplit cette loi en l'écrivant par terre (Saint Augustin, Commentaire de l'Évangile de Jean, 33,5). Désormais, nul n'est censé ignorer la loi de l'amour gravé au fond de notre coeur. Le Pape Benoît XVI affirme dans la ligne de saint Augustin que "Jésus est le Législateur, la Justice en personne, la force désarmante de la vérité"(Angelus, 21 mars 2010). Dans le sacrement de la Réconciliation, Dieu en Jésus Christ désire le salut de tous et ouvre les possibilités de la conversion même au pécheur jugé impardonnable par les hommes.
LA PAROLE: Jésus dit trois paroles: "Qui est sans péché lui lance la première pierre"; "Où sont tes accusateurs?"; "Moi je ne t'accuse pas, va et ne pèche plus".
À ce moment-là, la femme passe de la mort à la vie au moment où elle devrait passer de la vie à la mort. Jésus fait germer en elle l'espérance et la joie de vivre.

3. QUI EST CETTE FEMME?
Qui est cette femme accusée d'adultère et qui attend la mort?
Nous ignorons son nom et ses origines. Ce que nous pouvons imaginer, ce sont ses états d'âme. Elle est humiliée, détruite dans son coeur, dévastée dans son intériorité. Elle représente toutes les jeunes filles, rendues esclaves, vendues comme des objets d'usage dans des maisons de prostitution, condamnées à la drogue et aux autres traitements inhumains. 
Nous ne savons pas ce que la femme adultère est devenue après la rencontre décisive. Est-elle devenue son disciple? Fait-elle partie de ces femmes qui suivaient Jésus au calvaire? Ce que nous pouvons penser est sa conversion radicale après l'expérience de la parole de l'absolution de Jésus. La femme n'a pas peut-être repris ses anciennes habitudes. Elle est passée de la mort à la vie. Elle vivait déjà dans la mort vitale dans cette vie mortelle. Jésus lui donne la dignité des enfants du Père sans encourager l'adultère. Il a démasqué la racine du mal présent en toute personne qui peut conduire à toute forme de péché. Il ne l'appelle pas prostituée, adultère, mai "femme", le titre de la Vierge Marie aux noces de Cana et sur la croix. En plus, Jésus ne donne pas de conseils, des injonctions sur la manière dont la femme doit se comporter dans l’avenir. Jésus ne lui donne pas non plus de leçon morale du permis et du prohibé. Il lui dit tout simplement: « Moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus ».  

4. PRIÈRE DE GUÉRISON
Seigneur mon Dieu, c'est toi ma lumière, mon salut, mon espérance ma part d'héritage, mon libérateur. 
Sois bénis pour l'éternité, toi qui est venu non pour condamner les coeurs accablés de douleur, mais pour les sauver. 
Ton seul souci est que tous soient sauvés et que nous ayons la vie en abbondance. Toi la Parole libératrice, pose ton regard de miséricorde sur toute personne qui subit tant de violence et d'humiliation dans notre monde qui soigne plus l'avoir que l'être jusqu'à chosifier tes enfants. Dis seulement une parole et nous serons guéris.
Crée en nous la joie d'être sauvé et que rien ne nous sépare de Toi, Amen. 

Bon dimanche du carême frères et soeurs. 
Paix et joie dans nos coeurs et dans le monde. 
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera.

 

ascova

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