/ NOUVELLES EN FRANCAIS

NOUVELLES EN FRANCAIS | 14 gennaio 2025, 12:02

L’association « Nos Accents » déplore l’adoption du toponyme « Breuil-Cervinia »

La décision d’officialiser le nom « Breuil-Cervinia », au lieu du nom traditionnel « Le Breuil », est perçue par l’association comme une atteinte à l’identité historique de la région

L’association « Nos Accents » déplore l’adoption du toponyme « Breuil-Cervinia »

L'adption du nom « Breuil-Cervinia » par le gouvernement régional de la Vallée d'Aoste fait polémique. Ce lundi 13 janvier 2025, une décision qui a marqué l’histoire de la toponymie locale a été prise : pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, un toponyme d’origine italienne a été validé en remplacement du nom traditionnel valdôtain. « Un manquement du Gouvernement régional au devoir de sauvegarde du patrimoine linguistique et culturel et un signal préoccupant pour la culture, les langues et l’autonomie de la Vallée d’Aoste », déclare l’association « Nos Accents », qui milite pour la protection de la toponymie et de la pluralité linguistique de la région.

L’association estime que cette décision va à l’encontre des principes de préservation du patrimoine culturel immatériel tels qu’énoncés dans la convention de l'UNESCO de 2003, à laquelle l’Italie est partie prenante. « Le Gouvernement régional a fait manquement à son devoir de sauvegarde du patrimoine linguistique et culturel ce lundi 13 janvier 2025, en ignorant ses responsabilités sur la préservation du patrimoine culturel immatériel », poursuit-elle. Pour « Nos Accents », il s’agit d’une décision qui remet en cause des décennies d’efforts visant à maintenir la langue et la culture valdôtaines dans un contexte globalisé et homogénéisé.

 

La décision d’officialiser le nom « Breuil-Cervinia », au lieu du nom traditionnel « Le Breuil », est perçue par l’association comme une atteinte à l’identité historique de la région. « L'officialisation dans la toponymie valdôtaine du mot « Cervinia » est une grave remise en cause de la décision du Conseil communal de Valtournenche, qui en 1947, sur recommandation de la Région, avait choisi à l’unanimité de rétablir le nom original du « Breuil », qui avait été effacé par la dictature fasciste à l’aide justement de « Cervinia », explique l’association. Cette modification du toponyme était une tentative délibérée d’italianiser la région durant la période fasciste, et elle s’inscrit désormais dans un contexte où l’identité locale semble être délibérément ignorée.

« Cette décision contribue à l'affaiblissement du patois valdôtain, du plurilinguisme et du particularisme culturel qui sont à la base de l'autonomie de notre Région », souligne l’association. La toponymie, au-delà d’être une simple question de noms, devient ainsi le symbole d’une lutte pour la préservation de l’identité et de l’autonomie culturelles de la Vallée d’Aoste. En effet, la toponymie ne reflète pas seulement des lieux géographiques, mais aussi l’histoire, les traditions et les langues d’une communauté.

L'argument principal avancé par les partisans de l'adoption du nom « Breuil-Cervinia » repose sur des considérations économiques et touristiques. La crainte de perdre des clients potentiels en raison de l’abandon du nom « Cervinia », déjà bien ancré dans l’imaginaire collectif des touristes, a été fréquemment mise en avant. Cependant, cette analyse a été rapidement contrée par les faits. « La préoccupation selon laquelle la perte du nom « Breuil-Cervinia » aurait porté à une perte de la clientèle touristique a été contredite par les chiffres du tourisme de Valtournenche toujours plus croissants », souligne l’association. Elle rappelle que l’officialisation du nom « Le Breuil » en 2023 n’a pas eu d’impact négatif sur le flux touristique. Cette critique des motivations purement économiques montre, selon l’association, que les véritables raisons derrière cette décision sont plutôt politiques, liées aux intérêts de certains élus locaux.

Les responsables politiques, et en particulier la Syndique de Valtournenche, seraient donc, selon « Nos Accents », davantage préoccupés par des enjeux électoraux et commerciaux que par la préservation de l’histoire et de la culture locales. « Les vraies motivations sont à chercher chez les intérêts politiques et économiques des élus de Valtournenche, et en particulier de sa Syndique, qui souillent la culture et l’histoire de leurs villages et de leurs aïeux », dénonce l’association.

Le 8 août 2024, l’association « Nos Accents », le Comité des Traditions Valdôtaines et l’A.N.P.I. Vallée d’Aoste avaient envoyé une lettre ouverte au Conseil communal de Valtournenche afin de demander de ne pas approuver le toponyme « Breuil-Cervinia ». « Le Breuil » avait été rétabli en 2023 après une longue période d’utilisation informelle du nom « Breuil-Cervinia », qui n’avait jamais été validé officiellement. « Breuil-Cervinia » était une convention, et non un nom officiellement adopté, rappelait l’association dans sa lettre.

À travers ce combat pour la toponymie, « Nos Accents » ne défend pas seulement un nom, mais un principe fondamental : celui de la sauvegarde du patrimoine linguistique et culturel de la Vallée d'Aoste, un patrimoine qui, à ses yeux, ne doit pas être sacrifié sur l’autel de la rentabilité économique à court terme.

Comme le soulignait le philosophe et écrivain italien Umberto Eco : « La mémoire est la plus grande des richesses, elle est ce qui permet de nous reconstruire, de ne pas disparaître ». Les toponymes font partie de cette mémoire, et leur préservation est essentielle pour ne pas perdre de vue qui nous sommes.

Le cas de « Breuil-Cervinia » n’est que le dernier en date d’une série de décisions qui remettent en question l’identité linguistique et culturelle de la Vallée d’Aoste. L’adoption de ce nom illustre la fragilité de la lutte pour la préservation de notre patrimoine dans un monde où les logiques économiques et touristiques semblent prendre le pas sur la sauvegarde des spécificités locales. Le défi qui attend la région est de taille : comment protéger ses traditions et sa langue tout en naviguant dans un contexte globalisé et de plus en plus homogène ? Les prochains mois et années seront cruciaux pour l’avenir de la culture valdôtaine, et la vigilance des citoyens et des associations comme « Nos Accents » sera essentielle pour garantir que l’histoire et l’identité locale ne soient pas effacées.

red

Prima Pagina|Archivio|Redazione|Invia un Comunicato Stampa|Pubblicità|Scrivi al Direttore