FEDE E RELIGIONI - 30 novembre 2024, 11:45

ÉVANGILE DE DIMANCHE: ET SON RÈGNE N'AURA PAS DE FIN

XXXIV ème D.T.O, B. - TOUS LES DIMANCHES ET JOURS DE FÊTE, À L'ÉGLISE DE SAINT-MARTIN-DE-CORLEANS À AOSTE, À 9H30, LA MESSE EST CÉLÉBRÉE EN FRANÇAIS, ANIMÉE PAR DES CHANTS EN FRANÇAIS ET EN LATIN PAR LE CHŒUR DIRIGÉ PAR IRIS BONIFACE STEVENIN, AVEC L'ACCOMPAGNEMENT MUSICAL DE L'ORGUE JOUÉ PAR LE PROF. PAOLO TORRENTE, ENSEIGNANT À L'INSTITUT MUSICAL

Frères et soeurs voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie. De quelle fête s'agit-il? C'est la grande solennité du Christ-Roi de l'univers. Jésus est Roi de l'univers matériel et spirituel, car "tout  fut par lui, et sans lui rien ne fut"(Jn1,3). L'univers visible et invisible n'est pas l'effet du "Chaos" primordial selon la vision cosmologique grecque, encore moins du Bing Bang d'après la théorie évolutioniste moderne. Dieu crée le monde par amour et son Verbe lui donne le sens. L'énergie qui permet l'expansion du monde n'est pas l'Eros grec, mais puissance d'amour du Sainte Esprit. Ouvrons alors nos coeurs pour que le Christ y règne en Maître souverain, car mon coeur est plus grand que le monde, plus profond que tous les univers souterains. Si nous fermons notre coeur au Christ le Prince de la paix, nous errons hors du chemin sans destination. Qu'est ce que la solennité du Christ Roi de l'univers change dans notre manière de vivre? Quelle est la différence entre la monarchie de notre monde et la royauté du Christ?

1. L'IMAGE DU ROI PASTEUR
Dans la mythologie du peuple burundais, le prince destiné à devenir roi, naissait avec des semences de blé et de sorgho, qui sont des symboles de la prospérité, de la concorde et de la fécondité. Aujourd'hui certains rois exercent cette digne mission avec arrogance, méfiance envers le peuple qu'ils sont sensés protéger. Ils sont marqués par l'avidité, la cupidité de gloire. Au lieu de veiller sur la paix et la justice pour rendre à chacun son dû, ils dévorent force moutons et quelquefois le Berger, pour satisfaire à leurs appétits gloutons selon les Fables de la Fontaine (Les animaux malades de la peste). Dans cette circonstance, la peur et le désarrois gagnent les coeurs, car comme le psaume 10 le constate, "quand sont ruinés les fondations, que peut faire le juste"!(PS.10,3).

Dans l'empire romain, l'empereur avait la mission de construire les ponts (Pontifex maximus). Il était salué comme le fils de Jupiter, la divinité de la justice. De nos jours surgissent de nouveaux empereurs, grands experts dans la construction des murs de séparation et dans la destruction des ponts de rencontre. Le Psaume 20 nous invitent à garder courage en mettant notre espoir dans le Seigneur, car "aux uns les chars, aux autres les chevaux, à nous d'invoquer le nom de notre Dieu"(Ps20,8) . Ce Dieu qui confond les suffisants est le Grand Roi, "le Roi de gloire, le Seigneur le vaillant des combats (Ps23,8).

Dans la pensée grecque, en particulier chez Platon dans ses Dialogues: Les Lois,  Le Politique et La République, le roi est appelé "pasteur des hommes". Sa mission est ce que le philosophe appelle "la pastorale des bipèdes"(Le Politique, 267C). Le bon roi ne gouverne pas les hommes comme des animaux de somme. Pour bien guider les hommes, le roi doit être formé à la contemplation des Idées afin d'imiter Dieu qui gouverne le monde avec justice et les peuples avec droiture. Le Dieu de Platon est pure Bonté et rien de mauvais ne peut sortir de lui (Le Politique, 258,E). La politique devient alors une mission divine sur la terre pour diriger, orienter, aimer jusqu'à donner sa vie pour le peuple.

La foi juive fonde la mission politique sur la Torah, où Dieu dans sa pure bonté s'est révélé dans l'histoire comme un pasteur qui prend soin de son troupeau. Dans les psaumes d'invocation et de supplication, Dieu est nommé Pasteur d'Israël en tant qu'il entend et agit. Le psaume 22 chante:" Tu es mon Berger oh Seigneur, rien ne saurait manquer où tu me conduis". Le psaume 80 prie ainsi:"Pasteur d'Israël, écoute, toi qui mène Joseph comme un troupeau". Dieu est digne de louange car "il nous a faits et nous sommes à lui, le troupeau guidé par sa main"(Ps94,7).
Aujourd'hui, dans certaines nations de la terre, les présidents sois-disant démocrates veulent devenir des "rois pasteurs", "des guides suprêmes" pour devenir des rois à vie afin de se servir en apparaissant comme des bienfaiteurs du peuple. Le roi vrai qui fait la volonté de Dieu a souci du pauvre et du malheureux. Jésus dit à ses disciples: le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude"(Mt20,28).

2. LA ROYAUTÉ DU CHRIST.
"Sa domination est éternelle, et sa royauté ne sera pas détruite".
La royauté du Christ est annoncée par le prophète Daniel quand, dans ses visions nocturnes, contemple l'avènement d'une royauté qui ne sera pas détruite, car "sa domination est éternelle". Jésus n'est pas le Fils des divinités comme les empereurs. Il est de même nature que le Père en tant que image visible du Dieu invisible selon saint Paul. Saint Jean dans son prologue dit: "Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître"(Jn1,18). En quoi alors consiste sa royauté? Il se dit lui-même "Bon Pasteur"(Jn10,11) qui connaît, aime, appelle les brebis chacune par son nom et leur donne la vie, contrairement aux faux pasteurs, mercenaires qui n'ont aucun soucis pour les brebis. Jésus est le Bon Berger qui va à la recherche de la brebis égarée et la porte sur ses épaules (Lc15,4-5). Sa royauté est caractérisée par la miséricorde, la tendresse, l'humilité, la douceur, le service et le sacrifice. L'événement de la passion, crucifiction et résurrection font de lui un Roi qui aime les siens qui sont dans le monde jusqu'au bout (Jn13,1-2). Son siège n'est pas le divan, mais la croix. Son calice amer est son sang versé pour nous les hommes et pour notre salut.

3. PILATE ET LA ROYAUTÉ DU CHRIST.
L'Évangile relate le dialogue entre Pilate et Jésus. Pilate est le symbole de ce que Saint Augustin appelle "perversa voluntas"(volonté perverse) et "libido dominandi"(la soif de domination) qui sont les drames de la cité terrestre (civitas terrena). La première question qu'il pose à ce roi sans apparence royale est celle-ci:"Es-tu le roi des juifs"? Ce qui étonne ce romain est que Jésus n'a pas peur de lui. Sa liberté embarasse ce gouverneur qui prétend avoir le pouvoir de sauver ou de condamner l'innocent. Jésus affirme clairement qu'il est roi, mais un roi spécial, car sa royauté n'est pas de ce monde. Sur la croix, Jésus réalise la coincidence des opposés (coincidentia oppositorum).

Il est le Verbe éternel du Père, le Roi des rois, le Pasteur des pasteurs, l'Alfa et Omega de l'histoire, mais il accepte de mourir sur la croix comme un scélérat. Il est le serviteur souffrant sans défense, dénigré, renié, trahi, insulté, frappé, humilié, condamné à mort. La raison de cette vulnérabilité est l'amour sans mesure de Dieu. Saint Jean dans son Évangile contemple l'unité de la gloire et de la croix.
Cette fête du Christ-Roi nous invite d'abord à vivre dans l'attente avec foi et espérance, du jour de la venue du Seigneur. Il viendra juger les vivants et les morts, et son règne n'aura pas de fin. Ensuite, elle nous donne la liberté d'esprit devant les rois de la terre. Certes, il faut les respecter, sans pour autant les adorer. La révolution chrétienne en face du pouvoir temporel consiste à minimiser, relativiser les distinctions intramondaines pour accorder une place de choix au Christ, lui le Roi de gloire qui a "les paroles de la vie éternelle"(Jn6,68).

4. PRIÈRE  POUR LES DIRIGEANTS.
Seigneur Jésus, toi le Prince de la paix, nous te prions. Donne-nous des dirigeants selon ton coeur qui ont soucis du pauvre, de la veuve et de l'orphelin.
Toi, le Roi proclamé par les rois mages, persécuté par Hérode depuis ta naissance, crucifié par Ponce Pilate, accorde aux réfugiés qui sont victimes d'un pouvoir égoiste sans entrailles ni coeur, la terre de paix et de joie. Libère les peuples qui accueillent les rescapés de guerres fratricides, des idéologies racistes qui répandent la peur et incitent à la violence, afin de bâtir un monde meilleur où la différence constitue une richesse et non une menace. Amen.

 

 

 

 

Bon dimanche frères et soeurs.
Paix et joie dans nos  coeurs et dans le monde.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera

ascova